La descente était aisée : les racines cubiques et enchevêtrements végétaux s'entremêlant avec les saillies rocheuses et débordements pierreux m'offraient moult prises où poser mes appendices en tous genres, m'assurant ainsi un risque limité de chute.
Regardant dessous moi, j'aperçus quelques mètres plus bas de nouvelles avancées rocheuses, de part et d'autre des parois du puits, les deux avancées rocheuses se rejoignant presque au centre du puits.
En regardant attentivement, je pus observer un mouvement de va-et-vient : il s'agissait d'une autre paire de cerises.
Confiant dans ma capacité à les vaincre grâce à ma première rencontre avec leurs consœurs, je descendis hardiment sur l'avancée rocheuse.
Quelle ne fut pas ma surprise de voir alors, sur l'autre avancée, une orange monstrueuse sortir de derrière un promontoire rocheux. Elle était au moins trois fois plus grosse que la cerise (cette dernière faisant au bas-mot la taille d'une pastèque).
Subjugué par cette apparition, je ne dus mon salut qu'à un grognement caractéristique des cerises me chargeant : un genre de mélange entre le cri du caméléon et du babouin, avec une touche de chevreuil !!
Exécutant un magnifique saut de l'ange, je sautai au-dessus des cerises, atterris grâce à un magnifique roulé-boulé et me rétablis, accroupi, dans une magnifique posture, ma magnifique main étant posé sur le sol magnifique, et regardant la magnifique orange devant moi.
L'orange avançait droit vers moi, mais j'étais tranquille, de l'autre côté du précipice séparant les deux avancées rocheuses.
Arrivée au bout de l'avancée, je vis soudainement l'orange se tasser sur elle-même, et d'une détente fulgurante, se projeta en avant dans le but évident de traverser le précipice. Je me jetai instinctivement au sol, m'aplatissant sans scrupules pour le sol caillouteux et graveleux.
L'orange passa bien au-dessus de moi, et se reçut sur le sol quelques mètres derrière moi.
Redressant la tête, je vis se matérialiser un un objet devant moi, de l'autre côté du précipice : il s'agissait d'un gros marteau. (

)
Sans dire ni une, ni deux, je pris mon courage à deux mains (et à deux jambes) et sautai à travers le précipice qui s'étendait sous moi. Je me reçus sans mal de l'autre côté, et attrapai le marteau.
Il s'agissait sans nul doute d'un marteau de forgeron, les gravures du manche, écrites en scandinave des prairies du Nord, en témoignaient, ainsi que la forme trapézoïdale circum-zénitale de la pointe, en acier galvanisé.
Le saisissant à pleines mains et par le manche, je m'avançais gaillardement vers les fruits, dans le but évident de les réduire en bouillie.
Nonobstant le précipice, je parvins rapidement près d'eux, et assénais un coup magistral latéral, percutant tellement violemment la première que son noyau fut éjecté, et partit sur la seconde, l'étourdissant par la pareille.
Le coup était tel que les cerises furent littéralement projetées hors de la plate-forme et tombèrent dans le vide.
L'orange fonça sur moi, espérant me prendre de vitesse, mais le marteau était tellement maniable que se fut un jeu d'enfant pour moi d'abattre avec force et violence les 6 livres que pesaient ce marteau sur cette orange.
La pauvre finit dans un bain de jus d'orange, pressée de toute part... Je vous fais grâce des détails.
C'est alors qu'un bruit venant du haut attira mon attention. Levant la tête, je constatai qu'un gigantesque cristal tombait dans le puits (sans doute quelqu'un l'ayant lâché). Voyant qu'il n'allait pas tomber sur la plate-forme, je me penchai au-dessus du vide, et l'attrapai au vol. Un magnifique cristal vert, de même couleur qu'une émeraude.
Le mettant dans mon sac, je fouillais du regard la plate-forme, et c'est ainsi que je découvris un autre cristal vert à côté de l'orange, et un cristal bleu quelques mètres plus loin, le même que celui que j'avais vu à la plate-forme de l'étage supérieur.
Dans un coin, je découvris aussi une boîte de chocolats, vous savez, les escargots en chocolat (

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N'écoutant que ma raison, je les dévorais tous (vous savez, la faim, quand ça vous tient...), avant de poursuivre ma descente.
