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Le dé

Le Panthéon ! 1
lundi 19 avr. 2010 04:11
Bonjour chers joueurs. Je suis conscient que je ne suis plus aussi présent qu'avant sur le forum et que, je le sais bien, sans moi le forum est totalement cahotique :D . Bref, je suis ici pour vous parler de mon nouveau projet. Comme certains le savent, il m'est déjà arrivé de poster une esquisse de roman sur ce forum (Le journal de Lucie Brown). Oeuvre qui, malheureusement, ne connaîtra jamais de dénouement.

C'est ainsi que je laisse les mois passés, regrettant peu à peu d'avoir délaissé l'écriture, qui me permettait de m'évader un peu de la monotonie quotidienne québécoise. ( :lol: ).

C'est ainsi qu'il m'est passé à l'esprit de recommencer à écrire, cette fois quelque chose de nouveau. J'imaginais un suspense, à la fois infantin et subtilement relié à un monde imaginaire, tout en offrant à la fois un vocabulaire simple et direct. C'est ainsi que Le dé vint à mon esprit.

Je tiens à dire que je dispose légalement des droits d'auteur sur ce texte, et que j'espère qu'il vous plaira.


I

Le soleil est une comète. C’est ce que ma grand-mère m’a toujours dit lorsqu’elle me montrait le ciel. Une grande étoile où chaque personne a sa place, où la pollution n’existe pas, où le monde se porte bien. Aujourd’hui, à l’aube de mes 9 ans, je doute un peu de sa franche parole. J’ai appris à mon école ce matin que la température du soleil frôlait les milliards de degrés. En revenant chez moi, j’ai jeté un coup d’œil à la vieille photo de ma grand-mère et je lui ai dit qu’elle devait avoir chaud là où elle était. Elle était morte il y a deux ans. Quoique plutôt jeune, je n’en ai pas pour autant été peu ébranlé. Son visage, si affectueux, me manque terriblement. Ses yeux bleus, inoffensifs, couplés à son teint blanchâtre lui donnaient un air de sœur. Elle portait fièrement ses cheveux blancs, coupés courts, signe évident, disait-elle, de son immense sagesse. Mes parents me disaient de ne pas tout croire ce qui sortait de la bouche de ma grand-mère, mais je ne pouvais m’en empêcher. C’était comme un musée. Dès qu’on y entrait, on devait absolument tout voir pour pouvoir sortir. Par contre, avec ma grand-maman, la sortie était perdue tout au fond de son esprit. Ses histoires, toutes plus folles les unes que les autres, me fascinaient étrangement. Même si au fond je savais que c’était faux, il m’était impossible de dériver mes yeux de sa bouche qui murmurait calmement des anecdotes sur la première guerre mondiale, la seconde, la grande crise ou encore ses nombreux voyages autour du monde. Ma mère disait que ma grand-mère avait une maladie. Quand elle avait essayé de me dire le nom, sa langue avait fourché et je n’ai pas vraiment compris. Elle m’a dit que c’était une maladie de la mémoire, mais je ne la crois pas vraiment, car avec toutes ces histoires, ma grand-mère n’a certainement rien oublié! Noémie, c’était son nom, mais elle s’amusait souvent en disant aux étrangers qu’elle s’appelait Monique, Mireille, Anne, Lucie et plein d’autres. Il fallait toujours que mon père la sorte de sa rêverie et mentionne son vrai nom, car ma grand-mère faisait toujours ses blagues jusqu’au bout. Le jour de sa mort, mes parents et moi sommes allés dans un endroit spécial. Ma mère m’avait dit que c’était un placard pour les personnes malades. Elle dormait souvent ma grand-mère et, encore aujourd’hui, elle était couchée les yeux fermées sur un lit qui n’était pas le sien. J’étais resté avec elle alors que mes parents discutaient avec un grand monsieur qui portait un habit vert pâle. Elle n’avait pas l’air dans son assiette, mais pourtant, je voyais toujours l’éclat naturel de son visage. Deux heures plus tard, nous étions repartis chez moi. Je ne le savais sûrement pas à cette époque, mais c’était la dernière fois que je voyais ma grand-mère.

Elle m’avait légué un vieux coffre. Simple, pas trop grand ni trop petit, il était pourtant si important à mes yeux. Les motifs qui l’ornaient m’étaient devenus familiers, au nombre de fois où je les avais contemplés. Éléphants, girafes, zèbres, lions et quelques tigres, c’est ce qui couvrait tous les côtés du coffre. À l’intérieur, le duvet rouge vin protégeait amplement le sac de toile bleue qui représentait le cadeau d’adieu de ma grand-mère. Le jour où je l’avais reçu, j’étais excité, car je croyais qu’elle m’avait acheté un cadeau avant de partir vers le soleil. Il n’en était rien. Au fond du sac, j’avais trouvé un petit dé. Un dé banal, à six faces. Déçu sur le coup, il m’a fallut un bon moment avant de me rendre compte de l’importance de ce cadeau. Il était petit, mais ma grand-mère me l’avait donné avec son cœur, avec son esprit. C’était, pour moi, sa sagesse, son porte-bonheur, sa pensée. Chaque fois que je quittais la maison, j’apportais le dé de ma grand-mère. Ça me donnait l’impression qu’elle était toujours derrière moi, qu’elle me surveillait, qu’elle m’aimait encore autant qu’avant. Je pouvais passer des heures à scruter ce petit objet, à remarquer tous les détails qui l’ornaient, tous les petits défauts qui faisaient de ce dé un dé très spécial. Je ne savais pas vraiment d’où il provenait, mais connaissant ma grand-mère, il devait être unique, exceptionnel. Je vivais dans la campagne et les voisins les plus près se situaient à plusieurs kilomètres de ma maison. Mon dé était mon ami, je lui parlais et je jouais avec lui. Je conservais souvent des feuilles de papier où je notais le nombre sur lequel le dé tombait lorsque je le lançais. Les résultats me surprenaient, car peu importe la force avec laquelle je projetais l’objet, il retombait toujours sur le chiffre 6. Ça devait être un dé truqué, mais je l’aimais tout autant. J’avais d’ailleurs déjà remarqué qu’il y avait quelque chose à l’intérieur, puisque qu’un léger tintement se rendait à mes oreilles chaque fois que je l’agitais. Bien sûr, jamais il ne me vint à l’idée de le briser. Même pour tout l’or du monde, je ne l’aurais jamais fait.

II

Ce jour-là, il faisait chaud. Le soleil, d’où ma grand-mère me saluait, brillait d’un éclat aveuglant. Le dé dans la poche de mon bermuda, j’étais sorti m’amuser dans le champ derrière chez moi. C’était l’après-midi, et l’ennui me frappait comme à l’habitude telle une bonne gifle au visage. Ah, au fait, mon nom, c’est Josh. Je le dis au cas où une telle question pourrait vous venir en tête. Bref, à travers les pousses diverses, le dé maintenant dans ma main, j’avançais sans avoir de destination précise. Je laissais le vent me guider, tout en lançant le dé de ma grand-mère un peu partout. Sous un arbre, je m’étais finalement allongé, fatigué et nettement essoufflé par la chaleur accablante. J’avais laissé le dé tomber juste à côté de moi, sans pour autant l’éloigner de mon corps. J’imaginais ma grand-mère, à mes côtés, me racontant encore et encore ses histoires abracadabrantes. Elle m’aurait certainement fait rire, elle me faisait toujours rire. Son sens de l’humour était très développé, et elle était capable de redonner le sourire à quiconque ressentait la tristesse. C’est dans cet espoir que je retins mes larmes, par honneur au dé de ma grand-maman. J’ai continué à jouer avec l’objet pendant quelques heures, racontant mes mésaventures à l’image de ma grand-mère qui s’affichait devant moi. Elle me regardait, comme si elle m’écoutait avec passion, comme si chaque détail importait à ses yeux. Elle me manquait, mais j’avais l’impression qu’elle ne m’avait pas tout dit. C’était comme un pressentiment. Bien sûr, je n’avais que 9 ans, et il était évident que je n’avais pas la maturité d’un voyant, mais je sentais que quelque chose clochait. Ce n’était pas une prédiction, c’était plutôt une vision. Ce dé prenait soudainement une toute autre signification. Je ne le voyais pas, mais j’étais conscient que ma grand-mère avait fait changer quelque chose. Quoi? Je n’en avais pas la moindre idée, mais son visage scintillait moins qu’avant. Son sourire, ses yeux, tout était moins beau, moins heureux. Moi aussi, j’étais plus anxieux. J’avais comme un poids sur mes épaules, une charge de plus. Le dé avait, en l’espace de quelques secondes, changé la perspective que j’avais de lui. Le soleil tombait, et je devais rentrer. Sous cet étrange présage, je reprenais la route comme si la vie n’avait pas changée, mais au fond, rien n’était plus pareil.

Sur le chemin du retour, je n’avais pas sorti le dé de ma poche. J’avais honte de le sortir. C’en était effrayant, car il représentait tellement pour moi. Je marchais plus vite, j’avais l’impression qu’on me pourchassait, qu’on me suivait. La maison était encore loin, mais j’étais tellement motivé par le fait de sortir du champ qu’elle se rapprochait à une vitesse vertigineuse. Je ne marchais plus, je courrais. Le vent frappait mon visage, il le menaçait de son souffle puissant. J’avais froid, même s’il faisait atrocement chaud. Il faisait si sombre tout d’un coup, comme si la nuit était devenue reine du monde, comme si elle avait pris le contrôle de la planète. Où était le soleil, mon soleil, le soleil de ma grand-mère? Il avait disparu, entraînant avec lui le visage paisible de ma grand-maman. Elle n’était plus près de moi, elle était loin. J’essayais de l’atteindre, je tendais mon bras vers elle, en vain. Je l’avais perdue, elle n’était plus là. Je m’effondrais sur le sol alors que la dernière image de ma grand-mère disparaissait de mon esprit. Ma chute fit tomber le dé de ma poche, lequel roula vers une roche et s’arrêta finalement.

Il affichait le chiffre 5.

C’était impossible. Le dé de ma grand-mère ne pouvait qu’afficher le chiffre 6, c’était écrit, c’était dit. En un millier de lancers, il était impossible qu’il décide soudainement d’afficher un autre nombre. Je m’étais relevé quelques minutes après ma chute et avait constaté l’étrange phénomène. J’avais relancé le dé, plusieurs dizaines de fois, mais celui-ci affichait toujours le chiffre 5. Mon genou saignait, mais le petit objet m’obsédait tellement que la vie en perdait son sens. Ma grand-mère était revenue, mais elle était dans un état pitoyable. Elle n’était pas heureuse, comme si elle voulait me transmettre encore une fois le message que je n’avais pas compris la première fois. Son image s’affaissa alors que je remis le dé dans ma poche pour reprendre mon chemin. La maison était à quelques centaines de mètres de l’endroit où je me trouvais, et je m’étais rendu en à peine dix minutes. L’histoire n’avait pas de sens, cette journée n’avait pas de sens. Je m’étais levé, ce matin, 21 juillet de l’année 1996 avec la même sensation qu’à l’habitude. Je n’étais pas prêt à recevoir ces prémonitions, ces images, ces prévisions effrayantes de la réalité future. Le chiffre avait changé, non pas sans raison. Il voulait m’annoncer quelque chose, comme ma grand-mère. Elle était là, c’était peut-être elle dans le dé. Le petit tintement était sans doute ma grand-maman qui voulait me raconter encore et encore ses jolies histoires. Mais cette histoire n’était pas jolie du tout. Elle me faisait peur, elle me troublait. Je savais que je n’étais pas un enfant normal, que c’était évident que personne d’autre que moi ne pouvait voir ma grand-mère, mais moi je la voyais. Je n’étais pas plus stupide que les autres, ni plus intelligent, j’avais simplement la capacité d’interagir avec elle, avec son entité spirituelle. J’étais enfant unique, et mes parents travaillaient presque tous les jours, ils m’avaient donc laissés à moi-même dès mon jeune âge. Je n’avais que 9 ans, mais j’avais déjà la capacité de m’occuper de ma personne, de gérer mon temps et mes activités comme le ferait un adulte. Cependant, cette journée, je ne la gérais pas convenablement. Je ne vivais plus seulement pour vivre, je vivais pour accomplir quelque chose, mais je ne savais pas quoi. Je savais simplement que mon but avait un rapport étroit entre ce dé et ma grand-mère.

III

Chez moi, je remuais le dé dans mon lit en parlant à ma grand-maman. Celle-ci semblait épuisée. On aurait dit que la journée passée l’avait en quelque sorte extirpée de son paradis solaire. Sous son visage qu’elle voulait positif, je sentais qu’elle était déçue que son petit-fils n’ait pas compris le message qu’elle voulait lui transmettre. Je ne voulais pas que ma vie change, je voulais vivre comme je vivais avant. Je voulais rire avec ma grand-mère, me promener des heures et des heures avec mon dé truqué qui affichait toujours le nombre 6. Je voulais être Josh, pas une personne spéciale qui a une mission. J’étais un simple enfant bon sang, pas la vedette d’une prophétie historique dont ma grand-mère était la messagère. Je m’en faisais trop, sûrement. Ce n’était peut-être qu’une suite de coïncidences, une simple mésaventure d’un jour. La vie m’avait tendu une embuche et j’étais tombé directement sur elle. Je devais cesser de m’inquiéter, me coucher et me réveiller demain matin comme si rien ne c’était passé la veille. Aussi dur que cela puisse paraître, j’ai finalement réussi à trouver le sommeil, mon dé à la main, près de ma grand-maman.

Le soleil, que j’appelais maintenant Noémie, pointa le bout de son nez dès mon réveil. Il était tôt, j’en étais conscient, mais la fatigue ne m’abritait plus. Sous mes couvertures, je manipulais le dé dans ma main comme si ce n’était qu’une petite brique de papier. Peut-être avais-je rêvé tout ce qui c’était passé hier? Dès le premier lancé du dé, mes espoirs se dissipaient. Il affichait encore le nombre 5. Qu’est-ce que ça pouvait représenter? Quelle intrigue se cachait derrière ce dé de bois, ce petit objet si important à mes yeux? Je ne le savais pas, mais j’étais irréprochablement attiré vers le champ. J’avais toujours envie d’y aller, et il m’était impossible de résister à ce crochet qui m’amenait peu à peu vers l’arrière de ma maison. Sans vraiment le vouloir, je m’habillais pour finalement quitter la maison, en direction du champ, l’endroit où tout pourrait peut-être redevenir comme avant. Je faisais bien attention pour faire les mêmes gestes que la veille, en surveillant bien mes points de repère. Ma grand-mère était toujours avec moi et elle semblait avoir repris l’espoir. Peut-être me dirigeais-je enfin vers la bonne voie. Couché encore une fois sur le même arbre, je reprenais ma discussion avec ma grand-mère. Le temps passait, mais rien ne se produisait. Elle me regardait avec des yeux pleins de compassion, comme si elle savait qu’il était normal que rien ne se passe. Je ne comprenais pas, mon plan semblait si logique le matin même. Une légère brise flottait dans l’air, me forçant à me replier sur moi-même. Je jouais toujours avec mon dé, mais celui-ci n’avait pas changé. C’était encore le 5. Je voulais tellement qu’il tombe sur le 6, car ce nombre représentait le bonheur pour moi, il représentait ma grand-mère, l’été, ma vie, mon espoir. Le vent soufflait fort maintenant, il poussait les feuilles mortes qui virevoltaient autour de moi. Le ciel se couvrait, il était d’un noir menaçant. J’étais frigorifié. La pluie se mettait à tomber brusquement suivie par de brusques coups de tonnerre. J’étais debout, mais je n’osais pas m’avancer vers le champ. Je n’y voyais rien, tout semblait si effrayant. Des éclairs frappaient le sol autour de moi, ma grand-mère, paniquée, me criait sans cesse de partir, de ne pas rester là. J’étais totalement paralysé par la peur. Le vent ne faisait plus qu’un avec la pluie, c’était une tornade, un raz de marée et un violent orage qui frappait la clairière. Je courrais dans tous les côtés, je ne savais pas où aller, la pluie bloquait ma vision. L’arbre où j’étais fut frappé par un éclair et prit feu. Ma grand-mère pleurait, elle était effrayée. Je ne la voyais plus, elle n’était plus là, elle était sur le sol, morte, encore une fois. Son esprit était définitivement parti, je ne la sentais plus. Son soleil venait de la quitter, elle était tombée dans l’univers. Je sombrais, encore une fois, dans une inconscience profonde et effarante au milieu de cette cumulation de désastres naturels.

5, le dé affichait encore le nombre 5.

Tout ça était illogique. Cette image n’était pas réelle. Autour de moi, le temps revenait sur ses pas. Je voyais défiler devant moi tous les évènements passés. L’arbre était de nouveau intact, le ciel était bleu, tout était parfaitement comme à l’habitude. Je courrais dans le champ pour m’échapper, ne voulant absolument pas revivre cette vision. Ma grand-mère me regardait comme si elle savait ce qui devait se produire. Je n’avais pas compris ce que je devais faire, mais je savais que le champ n’était plus un choix pour moi. Cet endroit m’avait, en quelques minutes, fait comprendre son désir que je retourne d’où j’étais venu. J’hésitais, mais la peur de devoir revoir ces atroces images me permettait de continuer à avancer vers l’inconnu. L’inconnu, mais surtout pas l’arbre où je m’étais reposé. Je ne comprenais pas ma quête, ma mission, mon avenir. Je savais qu’au fond le dé ne reviendrait jamais sur le 6, qu’il ne me redonnerait jamais mon bonheur. Il manquait quelque chose sur la carte de mon aventure, un indice, une piste. Ma grand-mère le savait aussi, elle savait qu’il y avait quelque chose sans quoi je ne pouvais accomplir mon destin, dont je ne savais pourtant pas grand-chose. Mon avenir était flou, mais pourtant si clair. Je ne pouvais pas le cerner directement, mais je savais qu’il impliquait une aide envers ma grand-mère. Elle m’avait donné ce dé dans un but précis. Elle savait que j’étais spécial, que j’étais le seul qui pouvait l’aider, la libérer du piège dans lequel elle souffrait.
Le Panthéon ! 1
lundi 19 avr. 2010 04:12
Bien évidemment, j'ai oublié de vous dire que ce que je recherchais, c'était des commentaire sur ce style d'écriture qui m'est pour le moins dire assez nouveau.

Que devrais-je améliorer?

L'histoire vous plaît?

Imaginez-vous la suite?

Merci à tous, et bon jeu. :)
Le Panthéon ! 1
lundi 19 avr. 2010 10:31
Bonne qualité d'écriture ( et maintenant, je sais de quoi je parle :D ).

Pas facile d'écrire à la première personne, mais tu t'en tires bien :).

Histoire sympathique, quoique ce ne soit pas mon genre de littérature, je suis pas là pour juger en fonction de mes goûts :D.

=> Continue comme ça :youpi: !


S.L.t.S 102

P.S : Peut-être faire attention à la succession des phrases courtes qui donnent un effet de lourdeur ( enfin, selon moi x)) et utiliser davantage les ";" quand ça s'avère nécessaire ;).
Le Panthéon ! 1
lundi 19 avr. 2010 11:43
Merci Stalax! Je n'avais pas pensé au ' ; ', il pourrait m'être utile dans plusieurs situations.
Niveau Pyramide : 1 1648
vendredi 23 avr. 2010 00:19
La claaaaasse :youpi: :youpi:
Le Panthéon ! 1
vendredi 23 avr. 2010 11:45
J'ai enfin pris le temps de tout lire...


Alors, pour commencer, j'ai repéré quelques petites fautes de conjugaison et de grammaire, mais rien de bien méchant ;)
Ensuite, fais attention au temps auquel tu rédiges ton histoire (passé ? présent ?), ainsi qu'à la concordance des temps que tu n'as pas respecté, deux ou trois fois...

Mais tout cela, avec une relecture, tu peux facilement le parfaire.

Le point qui me dérange le plus (pour terminer avec les côtés négatifs), c'est que le "héros" de l'histoire a 9 ans. D'après ce que j'ai pu lire, tu l'incrustes dans sa vie actuelle, c'est-à-dire que tu racontes son histoire avec le point de vue d'un gamin de 9 ans. Or, tu utilises un vocabulaire assez riche et développé, qu'un enfant de cet âge n'est pas forcément en mesure d'acquérir ;) Fais attention à cela.


Bref, mis à part cela, comme l'a déjà dit Stalax, c'est quelque chose de délicat, la rédaction à la première personne, et ça implique certaines limites d'écriture que tu n'as pas forcément dans un third person narrative.
Je trouve l'idée du dé intéressante, bien que je pense déjà avoir compris la trame de l'histoire qui va suivre, qui me semble un peu téléphonée, mais j'espère que je vais être surpris par l'aveuglement auquel j'ai pu faire face :)

J'ai hâte de lire la suite de ton histoire ;) Continue comme ça, tu te débrouilles très bien ;)
Le Panthéon ! 1
vendredi 23 avr. 2010 13:42
Merci Maniaclan :)


J'avais déjà remarqué pour l'âge et j'ai déjà un petit plan pour remédier à ce problème.

Une relecture m'aiderait sans doute, puisque plusieurs bouts de ce texte ont été écrits à une longue intervalle. Cela m'aiderait sûrement à dénicher les petites erreurs d'innatention que j'ai pu faire.

En espérant te surprendre, voilà la suite :

IV

Qu’arriverait-il lorsque le dé tomberait sur le chiffre un? Chaque transition, hallucination ou pas, amenait de nouvelles émotions dans mon esprit. Le passage au cinq m’avait amené de la confusion, le sentiment d’avoir perdu quelque chose. Nostalgie? Je ne le savais pas vraiment. Avais-je envie de retrouver le calme serein du chiffre six? Probablement. Cependant, je savais, je ne sais pourquoi, que jamais je ne reverrais cette scène paisible caractéristique du plus haut nombre du dé. C’était il y a une semaine. Depuis sept jours, je n’ai eu aucune nouvelle de ma grand-mère. Depuis sept jours, je ne vis plus, je ne fais que penser. Couché sur mon lit, le dé devant moi, je me questionne sans cesse sur l’existence, sur la vie, sur la mort. Qu’allais-je devenir? Je n’avais que neuf ans, mais cette semaine, j’ai l’impression d’en avoir au moins soixante dix. C’est bizarre lorsqu’on y pense, il y a de cela quelques jours, la vie n’avait que le présent comme avenir. Ce matin, on dirait que chaque seconde qui passe me détache un peu plus du réel, m’amenant brutalement vers le monde sans passé qui retient ma grand-mère. Ce monde où tout est si violent, où tous vos espoirs se tournent vers un enfant de neuf ans, votre petit-fils, qui malheureusement, ne sait rien faire d’autre que de regarder son cadeau d’héritage pendant la journée entière.

Les jours passaient, mais pour moi, ils étaient quasiment identiques. Tellement semblables que je pouvais même prédire ma journée même avant qu’elle arrive. Ce matin, je me suis levé à 6 :54, comme à chaque matin depuis une semaine. Je me suis dirigé vers la cuisine pour engloutir un bol de céréales, pour finalement retourner dans ma chambre. Dès lors, j’écrivais tout ce qui me passait par la tête sur un calepin, tout ce qui avait rapport au dé et surtout, tout ce qui avait rapport avec ma grand-mère. Aujourd’hui, le calepin était assez vide :

3 août 1996

Le ciel est bleu, c’est joli. Je ne m’attarde jamais aux détails de la vie. Peut-être était-ce la raison pourquoi ma grand-mère m’avait laissé. Sans elle, chaque journée était fade, même si le soleil brillait. Où était-elle? M’avait-elle laissé seul, dans l’espoir que je résolve cette énigme avec mon esprit d’enfant? Et puis il y avait le dé, satané dé. Qu’est-ce qu’il représentait? Pourquoi avait-il décidé, un beau matin, de changer de face? Inutile de te poser autant de questions Josh, ça ne te mènera simplement à rien.

La journée continuait ainsi, m’amenant tantôt dehors ou tantôt sur mon lit, toujours à penser à ce que l’avenir me réservait. Je n’avais pas d’amis, c’est peut-être pour ça que je pensais autant. J’avais eu beaucoup de temps pour penser, pour apprendre, pour lire, c’est sans doute pourquoi, aujourd’hui, je me retrouve encore seul avec moi-même, à me dire que la vie n’a pas plus de sens qu’hier.

V

Il était très tôt, mais ça n’avait pas d’importance. Je ne dormais presque plus, préférant plutôt me concentrer sur ce qui adviendrait si un jour je relançais le dé. Oui, je ne l’avais pas relancé depuis la dernière fois, et je ne voulais pas le refaire. Cependant, la vie que m’apportait le cinq devenait insupportable. Je n’en pouvais plus, mais je ne voulais pas risquer cet équilibre en lançant de nouveau le dé. Peut-être ne tomberait-il pas sur le quatre si je le lançais, je n’étais peut-être pas prêt. C’est sûrement ça, il manquait quelque chose, une clé, un indice. Quelque chose qui me permettrait de savoir comment changer les choses, comment poursuivre ma destinée. Où pourrais-je le trouver, je ne le savais pas. J’avais pourtant la certitude qu’il y avait quelque chose, quelque part, qui m’attendait, ne serait-ce qu’un mot, qu’une phrase, qu’une série de nombre à décrypter. Ressentant soudainement l’envie de me déplacer de ma chambre, je pris la direction de la porte, laissant toutefois le dé derrière moi. Sans lui, ma vie n’était qu’une vie normale, sans soucis, sans problèmes. Je décidai d’aller vers le champ, vers l’endroit où tout avait commencé, dans le simple mais très faible espoir de découvrir quelque chose qui m’avait échappé.

Le soleil était haut dans le ciel, il faisait chaud, une journée de canicule sans doute. Par contre, je n’entendais aucun bruit. Je n’entendais pas l’habituel souffle de la brise qui accompagnait normalement mon ascension vers le milieu du champ. Je n’entendais pas plus les bruits des voitures, ni celui des personnes qui marchaient habituellement à cette heure. J’étais seul au monde, n’ayant que pour seul compagnon le soleil, seul lien encore durable qui me reliait avec ma grand-mère. L’arbre était près maintenant, il n’était plus qu’à quelques mètres. Finalement arrivé, je m’étendis près du tronc, attendant vainement quelque chose, ou peut-être quelqu’un.

Rien. Il ne se passait strictement rien. En fait, j’avais vraiment l’impression qu’il se passait quelque chose, mais je ne voyais rien. Il faisait noir, je n’y voyais rien. Au loin, j’entendais des grattements, comme si quelqu’un sculptait du bois. Où étais-je? Je n’étais plus dans le champ, ni couché près du tronc d’arbre. Peut-être m’étais-je endormi, sous le soleil, attendant impatiemment l’évènement clé de cette aventure. Non, c’était impossible, je ne pouvais pas réaliser que je rêvais dans un rêve. J’étais inconscient, sûrement, ou peut-être prisonnier de mon esprit. Au loin, les grattements s’intensifiaient. C’était insupportable, je n’en pouvais plus. J’avais mal, mais on aurait dit que ce bruit venait du plus profond de mon âme, qu’il venait me chercher directement, comme s’il émanait de ma personne.

J’avais les mains ensanglantées lorsque je me réveillai. J’avais littéralement saccagé tout ce qui se trouvait autour de moi. Les brins d’herbe, habituellement verts et sains étaient arrachés, laissant derrière eux des mottes de terre énormes. Derrière moi, le tronc d’arbre avait été sculpté, de toute évidence avec la force de mes propres mains. Cette transe, cette inconscience m’avait permis d’écrire quelque chose sur le bois. Elle avait permis à ma grand-mère de me dire ce qui allait sans doute être le tremplin de mon aventure. Ébahi, je ne savais que dire devant cette phrase qui, sans même que je le sache, avait changé entièrement le cours de ma vie.

« Regarde sous la surface. »

VI

4 août 1996

Sous la surface de quoi? Mes mains me faisaient souffrir, mais ce qu’elles m’avaient permis de découvrir en valait entièrement la peine. Je m’étais posé cette question toute la journée, envisageant chaque possibilité. La réponse était simple, je le savais, mais mon esprit refusait catégoriquement de s’ouvrir à cette-dernière. C’est dans l’après-midi que me vint enfin la solution. Le coffre de ma grand-mère. Je l’avais replacé sous mon lit après avoir découvert le dé, oubliant totalement son existence.

J’étais dans ma chambre, sur ma chaise, devant le coffre qui reposait sur mon bureau. Armé d’un vulgaire tournevis et d’un petit marteau, je ne savais pas vraiment quoi chercher. J’ouvrais le coffre, pensant bêtement que j’avais peut-être oublié une partie de mon héritage dans celui-ci. Il était vide, seul le duvet rouge persistait. Je frappai trois coups sur chaque paroi pour vérifier l’éventuelle possibilité d’un double-fond, mais rien. Je décidai finalement de tourner le coffre de côté, et c’est ainsi que la réponse apparut. Sous le coffre se trouvait une gravure, une fable. Je ne savais pas pourquoi je ne l’avais pas vue plus tôt, peut-être étais-je trop préoccupé de découvrir le cadeau d’adieu de ma grand-mère. Quoi qu’il en soit, le texte venait de répondre à la majorité des questions qui me tracassaient.

À travers le deuil, à travers l’espoir,
Tu auras la chance de la revoir.
Sitôt vue, sitôt partie,
Tu la perdras, en après-midi.
Il est simple de lancer le dé,
Plus dur est-il, de s’en débarrasser.

Au milieu des désastres, des peines et des misères,
Le dé t’amènera la colère.
Désespoir, mirages et confusion,
Tous ensembles te pointeront la direction.

Elle est partie, elle ne reviendra pas,
Force est d’admettre que Dieu la gardera.
Tu seras sans doute fort surpris,
D’apprendre que ta grand-mère n’était qu’un alibi.

Deux ensembles te guideront,
Mourant chacun pour ton affection.
Au fin fond du monde, tu trouveras la clé,
Tu pourras enfin, revenir au passé.
Seul, unique, le dé s’en ira,
Il te laissera, et tu mourras.



NB : J'ai bien remarqué qu'avec l'entrée en jeu du journal, le fait que le personnages principal ait neuf ans est encore plus ridicule.

NB² : Je sais aussi que je n'ai certainement pas respecté les règles du poème classique et je souhaite m'en excuser.
Le Panthéon ! 1
vendredi 23 avr. 2010 13:54
Oublier le S à personnage dans mon premier N.B, c'est une petite faute de frappe :D
Le Panthéon ! 1
vendredi 23 avr. 2010 14:19
Au risque de te décevoir, tu ne m'as trop surpris avec cette deuxième partie... :?

Toujours le problème de concordance des temps (surtout imparfait/présent simple), malheureusement...

L'histoire est intéressante, même si tu sembles parfois partir très loin, l'espace de quelques lignes, en oubliant presque la trame du récit.

Cependant, j'ai trouvé cette deuxième partie meilleure que la première, qui était en soi déjà très bien écrite.
Le Panthéon ! 1
vendredi 23 avr. 2010 15:23
J'ai aussi remarqué mes erreurs au niveau des temps de verbe. J'espère corriger tout cela prochainement.

L'histoire, même pour moi, est un peu vague. Ce n'est qu'un projet sans avenir en fait, je n'ai pas vraiment l'intention de l'envoyer quelque part ou d'en faire quelque chose de sérieux.

Je te remercie Maniaclan, tu m'auras été d'une grande aide :)

Edit Maniaclan : Je t'en prie. ;)
Le Panthéon ! 1
vendredi 23 avr. 2010 21:56
Désolé de faire autant de double-post dans ce topic, mais j'ai finalement fini la relecture.

J'ai apporté plusieurs changements au récit, le rendant légèrement plus crédible je crois, et certainement plus réaliste.

- Vous remarquerez donc que Josh a maintenant 14 ans, ce qui le rend plus mature, et donc plus digne de ce type d'écriture.

- J'ai tenté d'éliminer toutes les erreurs de temps, surtout le présent simple et le passé composé, pour les remplacer par la suite avec un temps de verbe plus approprié. J'ai cependant épargné les pages du journal de Josh, pour des raisons évidentes.

- Je n'ai pas changé l'histoire, malheureusement, mais je commence à y penser, à voir comment je pourrais ne pas tourner autant 'autour du pot'

I

Le soleil est une comète. C’est ce que ma grand-mère m’avait toujours dit lorsqu’elle me montrait le ciel. Une grande étoile où chaque personne a sa place, où la pollution n’existe pas, où le monde se porte bien. À l’aube de mes 14 ans, je doutais un peu de sa franche parole. J’avais appris à mon école un matin que la température du soleil frôlait les milliards de degrés. Il y avait longtemps que j’avais réalisé que ce que ma grand-mère m’avait dit était faux, mais encore aujourd’hui, je me surprenais à y croire et à penser qu’elle était réellement auprès de moi. Elle était morte il y a cinq ans. Quoique plutôt jeune, je n’en avais pas pour autant été peu ébranlé. Son visage, si affectueux, me manque terriblement. Ses yeux bleus, inoffensifs, couplés à son teint blanchâtre lui donnaient un air de sœur. Elle portait fièrement ses cheveux blancs, coupés courts, signe évident, disait-elle, de son immense sagesse. Mes parents me disaient de ne pas croire tout ce qui sortait de la bouche de ma grand-mère, mais je ne pouvais m’en empêcher. C’était comme un musée. Dès qu’on y entrait, on devait absolument tout voir pour pouvoir sortir. Par contre, avec ma grand-maman, la sortie était perdue tout au fond de son esprit. Ses histoires, toutes plus folles les unes que les autres, me fascinaient étrangement. Même si au fond je savais que c’était faux, il m’était impossible de dériver mes yeux de sa bouche qui murmurait calmement des anecdotes sur la première guerre mondiale, la seconde, la grande crise ou encore ses nombreux voyages autour du monde. Ma mère disait que ma grand-mère avait une maladie. Quand elle avait essayé de me dire le nom, sa langue avait fourché et je n’avais pas vraiment compris. Elle m’avait dit que c’était une maladie de la mémoire, mais je ne la croyais pas vraiment, car avec toutes ces histoires, ma grand-mère n’avait certainement rien oublié! Noémie, c’était son nom, mais elle s’amusait souvent en disant aux étrangers qu’elle s’appelait Monique, Mireille, Anne, Lucie et plein d’autres. Il fallait toujours que mon père la sorte de sa rêverie et mentionne son vrai nom, car ma grand-mère faisait toujours ses blagues jusqu’au bout. Le jour de sa mort, mes parents et moi sommes allés dans un endroit spécial. Ma mère m’avait dit que c’était un placard pour les personnes malades. Elle dormait souvent, ma grand-mère et, ce jour-là encore, elle était couchée les yeux fermées sur un lit qui n’était pas le sien. J’étais resté avec elle alors que mes parents discutaient avec un grand monsieur qui portait un habit vert pâle. Elle n’avait pas l’air dans son assiette, mais pourtant, je voyais toujours l’éclat naturel de son visage. Deux heures plus tard, nous étions repartis chez moi. Je ne le savais sûrement pas à cette époque, mais c’était la dernière fois que je voyais ma grand-mère. Aujourd’hui, j’ai facilement réalisé qu’elle avait de l’Alzheimer, qu’elle était morte dans un hôpital et qu’elle ne savait jamais vraiment qui j’étais.

Elle m’avait légué un vieux coffre. C’était bien mentionné dans son testament, le coffre était pour moi, Josh, son petit-fils. Simple, pas trop grand ni trop petit, il était pourtant si important à mes yeux. Les motifs qui l’ornaient m’étaient devenus familiers, au nombre de fois où je les avais contemplés. Éléphants, girafes, zèbres, lions et quelques tigres, c’est ce qui couvrait tous les côtés du coffre. À l’intérieur, le duvet rouge vin protégeait amplement le sac de toile bleue qui représentait le cadeau d’adieu de ma grand-mère. Le jour où je l’avais reçu, j’étais excité, car je croyais qu’elle m’avait acheté un cadeau avant de partir vers le soleil. Il n’en était rien. Au fond du sac, j’avais trouvé un petit dé. Un dé banal, à six faces. Déçu sur le coup, il m’avait fallu un bon moment avant de me rendre compte de l’importance de ce cadeau. Il était petit, mais ma grand-mère me l’avait donné avec son cœur, avec son esprit. C’était, pour moi, sa sagesse, son porte-bonheur, sa pensée. Chaque fois que je quittais la maison, j’apportais le dé de ma grand-mère. Ça me donnait l’impression qu’elle était toujours derrière moi, qu’elle me surveillait, qu’elle m’aimait encore autant qu’avant. Je pouvais passer des heures à scruter ce petit objet, à remarquer tous les détails qui l’ornaient, tous les petits défauts qui faisaient de ce dé un dé très spécial. Je ne savais pas vraiment d’où il provenait, mais connaissant ma grand-mère, il devait être unique, exceptionnel. Je vivais dans la campagne et les voisins les plus près se situaient à plusieurs kilomètres de ma maison. Mon dé était mon ami, je lui parlais et je jouais avec lui. Je conservais souvent des feuilles de papier où je notais le nombre sur lequel le dé tombait lorsque je le lançais. Les résultats me surprenaient, car peu importe la force avec laquelle je projetais l’objet, il retombait toujours sur le chiffre 6. Ça devait être un dé truqué, mais je l’aimais tout autant. J’avais d’ailleurs déjà remarqué qu’il y avait quelque chose à l’intérieur, puisque qu’un léger tintement se rendait à mes oreilles chaque fois que je l’agitais. Bien sûr, jamais il ne me vint à l’idée de le briser. Même pour tout l’or du monde, je ne l’aurais jamais fait.

II

Ce jour-là, il faisait chaud. Le soleil, d’où ma grand-mère me saluait, brillait d’un éclat aveuglant. Le dé dans la poche de mon bermuda, j’étais sorti m’amuser dans le champ derrière chez moi. C’était l’après-midi, et l’ennui me frappait comme à l’habitude telle une bonne gifle au visage. À travers les pousses diverses, le dé dans ma main, j’avançais sans avoir de destination précise. Je laissais le vent me guider, tout en lançant le dé de ma grand-mère un peu partout. Sous un arbre, je m’étais finalement allongé, fatigué et nettement essoufflé par la chaleur accablante. J’avais laissé le dé tomber juste à côté de moi, sans pour autant l’éloigner de mon corps. J’imaginais ma grand-mère, à mes côtés, me racontant encore et encore ses histoires abracadabrantes. Elle m’aurait certainement fait rire, elle me faisait toujours rire. Son sens de l’humour était très développé, et elle était capable de redonner le sourire à quiconque ressentait la tristesse. C’était dans cet espoir que j’avais retenu mes larmes, par honneur au dé de ma grand-maman. J’ai continué à jouer avec l’objet pendant quelques heures, racontant mes mésaventures à l’image de ma grand-mère qui s’affichait devant moi. Elle me regardait, comme si elle m’écoutait avec passion, comme si chaque détail importait à ses yeux. Elle me manquait, mais j’avais l’impression qu’elle ne m’avait pas tout dit. C’était comme un pressentiment. Bien sûr, je n’avais que 14 ans, et il était évident que je n’avais pas la maturité d’un voyant, mais je sentais que quelque chose clochait. Ce n’était pas une prédiction, c’était plutôt une vision. Ce dé prenait soudainement une toute autre signification. Je ne le voyais pas, mais j’étais conscient que ma grand-mère avait fait changer quelque chose. Quoi? Je n’en avais pas la moindre idée, mais son visage scintillait moins qu’avant. Son sourire, ses yeux, tout était moins beau, moins heureux. Moi aussi, j’étais plus anxieux. J’avais comme un poids sur mes épaules, une charge de plus. Le dé avait, en l’espace de quelques secondes, changé la perspective que j’avais de lui. Le soleil tombait, et je devais rentrer. Sous cet étrange présage, je reprenais la route comme si la vie n’avait pas changée, mais au fond, rien n’était plus pareil.

Sur le chemin du retour, je n’avais pas sorti le dé de ma poche. J’avais honte de le sortir. C’en était effrayant, car il représentait tellement pour moi. Je marchais plus vite, j’avais l’impression qu’on me pourchassait, qu’on me suivait. La maison était encore loin, mais j’étais tellement motivé par le fait de sortir du champ qu’elle se rapprochait à une vitesse vertigineuse. Je ne marchais plus, je courrais. Le vent frappait mon visage, il le menaçait de son souffle puissant. J’avais froid, même s’il faisait atrocement chaud. Il faisait si sombre tout d’un coup, comme si la nuit était devenue reine du monde, comme si elle avait pris le contrôle de la planète. Où était le soleil, mon soleil, le soleil de ma grand-mère? Il avait disparu, entraînant avec lui le visage paisible de Noémie. Elle n’était plus près de moi, elle était loin. J’essayais de l’atteindre, je tendais mon bras vers elle, en vain. Je l’avais perdue, elle n’était plus là. Je m’effondrais sur le sol alors que la dernière image de ma grand-mère disparaissait de mon esprit. Ma chute fit tomber le dé de ma poche, lequel roula vers une roche et s’arrêta finalement.

Il affichait le chiffre 5.

C’était impossible. Le dé de ma grand-mère ne pouvait qu’afficher le chiffre 6, c’était écrit, c’était dit. En un millier de lancers, il était impossible qu’il décide soudainement d’afficher un autre nombre. Je m’étais relevé quelques minutes après ma chute et avait constaté l’étrange phénomène. J’avais relancé le dé, plusieurs dizaines de fois, mais celui-ci affichait toujours le chiffre 5. Mon genou saignait, mais le petit objet m’obsédait tellement que la vie en perdait son sens. Ma grand-mère était revenue, mais elle était dans un état pitoyable. Elle n’était pas heureuse, comme si elle voulait me transmettre encore une fois le message que je n’avais pas compris la première fois. Son image s’affaissait alors que je remettais le dé dans ma poche pour reprendre mon chemin. La maison était à quelques centaines de mètres de l’endroit où je me trouvais, et je m’étais rendu en à peine dix minutes. L’histoire n’avait pas de sens, cette journée n’avait pas de sens. Je m’étais levé, ce matin, 21 juillet de l’année 1996 avec la même sensation qu’à l’habitude. Je n’étais pas prêt à recevoir ces prémonitions, ces images, ces visions effrayantes de la réalité future. Le chiffre avait changé, non pas sans raison. Il voulait m’annoncer quelque chose, comme ma grand-mère. Elle était là, c’était peut-être elle dans le dé. Le petit tintement était sans doute ma grand-maman qui voulait me raconter encore et encore ses jolies histoires. Mais cette histoire n’était pas jolie du tout. Elle me faisait peur, elle me troublait. Je savais que je n’étais pas un enfant normal, que c’était évident que personne d’autre que moi ne pouvait voir ma grand-mère, mais moi, je la voyais. Je n’étais pas plus stupide que les autres, ni plus intelligent, j’avais simplement la capacité d’interagir avec elle, avec son entité spirituelle. J’étais enfant unique, et mes parents travaillaient presque tous les jours, ils m’avaient donc laissés à moi-même dès mon jeune âge. Je n’avais que 14 ans, mais j’avais déjà la capacité de m’occuper de ma personne, de gérer mon temps et mes activités comme le ferait un adulte. Cependant, cette journée, je ne la gérais pas convenablement. Je ne vivais plus seulement pour vivre, je vivais pour accomplir quelque chose, mais je ne savais pas quoi. Je savais simplement que mon but avait un rapport étroit avec ce dé et ma grand-mère.

III

Chez moi, je remuais le dé dans mon lit en parlant à ma grand-maman. Celle-ci semblait épuisée. On aurait dit que la journée passée l’avait en quelque sorte extirpée de son paradis solaire. Sous son visage qu’elle voulait positif, je sentais qu’elle était déçue que son petit-fils n’ait pas compris le message qu’elle voulait lui transmettre. Je ne voulais pas que ma vie change, je voulais vivre comme je vivais avant. Je voulais rire avec ma grand-mère, me promener des heures et des heures avec mon dé truqué qui affichait toujours le nombre 6. Je voulais être Josh, pas une personne spéciale qui a une mission. J’étais un simple enfant bon sang, pas la vedette d’une prophétie historique dont ma grand-mère était la messagère. Je m’en faisais trop, sûrement. Ce n’était peut-être qu’une suite de coïncidences, une simple mésaventure d’un jour. La vie m’avait tendu une embuche et j’étais tombé directement sur elle. Je devais cesser de m’inquiéter, me coucher et me réveiller demain matin comme si rien ne c’était passé la veille. Je m’étais endormi, mon dé à la main, espérant profondément un demain meilleur.

Le soleil, que j’appelais maintenant Noémie, pointa le bout de son nez dès mon réveil. Il était tôt, j’en étais conscient, mais la fatigue ne m’abritait plus. Sous mes couvertures, je manipulais le dé dans ma main comme si ce n’était qu’une petite brique de papier. Peut-être avais-je rêvé tout ce qui c’était passé hier? Dès le premier lancé du dé, mes espoirs se dissipaient. Il affichait encore le nombre 5. Qu’est-ce que ça pouvait représenter? Quelle intrigue se cachait derrière ce dé de bois, ce petit objet si important à mes yeux? Je ne le savais pas, mais j’étais irréprochablement attiré vers le champ. J’avais toujours envie d’y aller, et il m’était impossible de résister à ce crochet qui m’amenait peu à peu vers l’arrière de ma maison. Sans vraiment le vouloir, je m’habillais pour finalement quitter la maison, me dirigeant avec espoir vers l’endroit où tout pourrait peut-être redevenir comme avant. Je faisais bien attention pour faire les mêmes gestes que la veille, en surveillant bien mes points de repère. Ma grand-mère était toujours avec moi et elle semblait avoir repris l’espoir. Peut-être me dirigeais-je enfin vers la bonne voie. Couché encore une fois sur le même arbre, je reprenais ma discussion avec elle. Le temps passait, mais rien ne se produisait. Elle me regardait avec des yeux pleins de compassion, comme si elle savait qu’il était normal que rien ne se passe. Je ne comprenais pas, mon plan semblait si logique le matin même. Une légère brise flottait dans l’air, me forçant à me replier sur moi-même. Je jouais toujours avec mon dé, mais celui-ci n’avait pas changé. C’était encore le 5. Je voulais tellement qu’il tombe sur le 6, car ce nombre représentait le bonheur pour moi, il représentait ma grand-mère, l’été, ma vie, mon espoir. Le vent soufflait fort maintenant, il poussait les feuilles mortes qui virevoltaient autour de moi. Le ciel se couvrait, il était d’un noir menaçant. J’étais frigorifié. La pluie se mettait à tomber brusquement suivie par de brusques coups de tonnerre. J’étais debout, mais je n’osais pas m’avancer vers le champ. Je n’y voyais rien, tout semblait si effrayant. Des éclairs frappaient le sol autour de moi, ma grand-mère, paniquée, me criait sans cesse de partir, de ne pas rester là. J’étais totalement paralysé par la peur. Le vent ne faisait plus qu’un avec la pluie, c’était une tornade, un raz de marée et un violent orage qui frappaient la clairière. Je courrais, je ne savais pas où aller, la pluie bloquait ma vision. L’arbre où j’étais fut frappé par un éclair et prit feu. Ma grand-mère pleurait, elle était effrayée. Je ne la voyais plus, elle n’était plus là, elle était sur le sol, morte, encore une fois. Son esprit était définitivement parti, je ne la sentais plus. Son soleil venait de la quitter, elle était tombée dans l’univers. Je sombrais, encore une fois, dans une inconscience profonde et effarante au milieu de cette cumulation de désastres naturels.

5, le dé affichait encore le nombre 5.

Tout cela était illogique. Cette image n’était pas réelle. Autour de moi, le temps revenait sur ses pas. Je voyais défiler devant moi tous les évènements passés. L’arbre était de nouveau intact, le ciel était bleu, tout était parfaitement comme à l’habitude. Je courrais dans le champ pour m’échapper, ne voulant absolument pas revivre cette vision. Ma grand-mère me regardait comme si elle savait ce qui devait se produire. Je n’avais pas compris ce que je devais faire, mais je savais que le champ n’était plus un choix pour moi. Cet endroit m’avait, en quelques minutes, fait comprendre son désir que je retourne d’où j’étais venu. J’hésitais, mais la peur de devoir revoir ces atroces images me permettait de continuer à avancer vers l’inconnu. L’inconnu, mais surtout pas l’arbre où je m’étais reposé. Je ne comprenais pas ma quête, ma mission, mon avenir. Je savais qu’au fond le dé ne reviendrait jamais sur le 6, qu’il ne me redonnerait jamais mon bonheur. Il manquait quelque chose sur la carte de mon aventure, un indice, une piste. Ma grand-mère le savait aussi, elle savait qu’il y avait quelque chose sans quoi je ne pouvais accomplir mon destin, dont je ne savais pourtant pas grand-chose. Mon avenir était flou, mais pourtant si clair. Je ne pouvais pas le cerner directement, mais je savais qu’il impliquait une aide envers ma grand-mère. Elle m’avait donné ce dé dans un but précis. Elle savait que j’étais spécial, que j’étais le seul qui pouvait l’aider, la libérer du piège dans lequel elle souffrait.


IV

Qu’arriverait-il lorsque le dé tomberait sur le chiffre un? Chaque transition, hallucination ou pas, amenait de nouvelles émotions dans mon esprit. Le passage au cinq m’avait amené de la confusion, le sentiment d’avoir perdu quelque chose. Nostalgie? Je ne le savais pas vraiment. Avais-je envie de retrouver le calme serein du chiffre six? Probablement. Cependant, je savais, je ne sais pourquoi, que jamais je ne reverrais cette scène paisible caractéristique du plus haut nombre du dé. C’était il y a une semaine. Depuis sept jours, je n’avais eu aucune nouvelle de ma grand-mère. Depuis sept jours, je ne vivais plus, je ne faisais que penser. Couché sur mon lit, le dé devant moi, je me questionnais sans cesse sur l’existence, sur la vie, sur la mort. Qu’allais-je devenir? Je n’avais que quatorze ans, mais cette semaine, j’avais l’impression d’en avoir au moins soixante dix. C’était bizarre lorsqu’on y pensait, il y avait de cela quelques jours, la vie n’avait que le présent comme avenir. Ce matin, on aurait dit que chaque seconde qui passait me détachait un peu plus du réel, m’amenant brutalement vers le monde sans passé qui retenait ma grand-mère. Ce monde où tout était si violent, où tous vos espoirs se tournaient vers un enfant de quatorze ans, votre petit-fils, qui malheureusement, ne savait rien faire d’autre que de regarder son cadeau d’héritage pendant la journée entière.

Les jours passaient, mais pour moi, ils étaient quasiment identiques. Tellement semblables que je pouvais même prédire ma journée même avant qu’elle arrive. Ce matin, je m’étais levé à 6 :54, comme à chaque matin. Je m’étais dirigé vers la cuisine pour engloutir un bol de céréales, pour finalement retourner dans ma chambre. Dès lors, j’écrivais tout ce qui me passait par la tête sur un calepin, tout ce qui avait rapport au dé et surtout, tout ce qui avait rapport avec ma grand-mère. Aujourd’hui, le calepin était assez vide :

3 août 1996

Le ciel est bleu, c’est joli. Je ne m’attarde jamais aux détails de la vie. Peut-être était-ce la raison pourquoi ma grand-mère m’avait laissé. Sans elle, chaque journée était fade, même si le soleil brillait. Où était-elle? M’avait-elle laissé seul, dans l’espoir que je résolve cette énigme avec mon esprit d’enfant? Et puis il y avait le dé, satané dé. Qu’est-ce qu’il représentait? Pourquoi avait-il décidé, un beau matin, de changer de face? Inutile de te poser autant de questions Josh, ça ne te mènera simplement à rien.

La journée continuait ainsi, m’amenant tantôt dehors ou tantôt sur mon lit, toujours à penser à ce que l’avenir me réservait. Je n’avais pas d’amis, c’était peut-être pour ça que je pensais autant. J’avais eu beaucoup de temps pour penser, pour apprendre, pour lire, c’était sans doute pourquoi, aujourd’hui, je me retrouvais encore seul avec moi-même, à me dire que la vie n’avait pas plus de sens qu’hier.

V

Il était très tôt, mais ça n’avait pas d’importance. Je ne dormais presque plus, préférant plutôt me concentrer sur ce qui adviendrait si un jour je relançais le dé. Oui, je ne l’avais pas relancé depuis la dernière fois, et je ne voulais pas le refaire. Cependant, la vie que m’apportait le cinq devenait insupportable. Je n’en pouvais plus, mais je ne voulais pas risquer cet équilibre en lançant de nouveau le dé. Peut-être ne tomberait-il pas sur le quatre si je le lançais, je n’étais peut-être pas prêt. C’était sûrement ça, il manquait quelque chose, une clé, un indice. Quelque chose qui me permettrait de savoir comment changer les choses, comment poursuivre ma destinée. Où? Je ne le savais pas. J’avais pourtant la certitude qu’il y avait quelque chose, quelque part, qui m’attendait, ne serait-ce qu’un mot, qu’une phrase, qu’une série de nombre à décrypter. Ressentant soudainement l’envie de me déplacer de ma chambre, je pris la direction de la porte, laissant toutefois le dé derrière moi. Sans lui, ma vie n’était qu’une vie normale, sans soucis, sans problèmes. Je décidai d’aller vers le champ, vers l’endroit où tout avait commencé, dans le simple mais très faible espoir de découvrir quelque chose qui m’avait échappé.

Le soleil était haut dans le ciel, il faisait chaud, une journée de canicule sans doute. Par contre, je n’entendais aucun bruit. Je n’entendais pas l’habituel souffle de la brise qui accompagnait normalement mon ascension vers le milieu du champ. Je n’entendais pas plus les bruits des voitures, ni celui des personnes qui marchaient habituellement à cette heure. J’étais seul au monde, n’ayant que pour seul compagnon le soleil, seul lien encore durable qui me reliait avec ma grand-mère. L’arbre était près maintenant, il n’était plus qu’à quelques mètres. Finalement arrivé, je m’étendis près du tronc, attendant vainement quelque chose, ou peut-être quelqu’un.

Rien. Il ne se passait strictement rien. En fait, j’avais vraiment l’impression qu’il se passait quelque chose, mais je ne voyais rien. Il faisait noir, tout à coup. Au loin, j’entendais des grattements, comme si quelqu’un sculptait du bois. Où étais-je? Je n’étais plus dans le champ, ni couché près du tronc d’arbre. Peut-être m’étais-je endormi, sous le soleil, attendant impatiemment l’évènement clé de cette aventure. Non, c’était impossible, je ne pouvais pas réaliser que je rêvais dans un rêve. J’étais inconscient, sûrement, ou peut-être prisonnier de mon esprit. Au loin, les grattements s’intensifiaient. C’était insupportable, je n’en pouvais plus. J’avais mal, mais on aurait dit que ce bruit venait du plus profond de mon âme, qu’il venait me chercher directement, comme s’il émanait de ma personne.

J’avais les mains ensanglantées lorsque je me réveillai. J’avais littéralement saccagé tout ce qui se trouvait autour de moi. Les brins d’herbe, habituellement verts et sains étaient arrachés, laissant derrière eux des mottes de terre énormes. Derrière moi, le tronc d’arbre avait été sculpté, de toute évidence avec la force de mes propres mains. Cette transe, cette inconscience m’avait permis d’écrire quelque chose sur le bois. Elle avait permis à ma grand-mère de me dire ce qui allait sans doute être le tremplin de mon aventure. Ébahi, je ne savais que dire devant cette phrase qui, sans même que je le sache, avait changé entièrement le cours de ma vie.

« Regarde sous la surface. »

VI

4 août 1996

Sous la surface de quoi? Mes mains me faisaient souffrir, mais ce qu’elles m’avaient permis de découvrir en valait entièrement la peine. Je m’étais posé cette question toute la journée, envisageant chaque possibilité. La réponse était simple, je le savais, mais mon esprit refusait catégoriquement de s’ouvrir à cette-dernière. C’est dans l’après-midi que me vint enfin la solution. Le coffre de ma grand-mère. Je l’avais replacé sous mon lit après avoir découvert le dé, oubliant totalement son existence.

J’étais dans ma chambre, sur ma chaise, devant le coffre qui reposait sur mon bureau. Armé d’un vulgaire tournevis et d’un petit marteau, je ne savais pas vraiment quoi chercher. J’ouvrais le coffre, pensant bêtement que j’avais peut-être oublié une partie de mon héritage dans celui-ci. Il était vide, seul le duvet rouge persistait. Je frappai trois coups sur chaque paroi pour vérifier l’éventuelle possibilité d’un double-fond, mais rien. Je décidai finalement de tourner le coffre de côté, et c’est ainsi que la réponse apparut. Sous le coffre se trouvait une gravure, une fable. Je ne savais pas pourquoi je ne l’avais pas vue plus tôt, peut-être étais-je trop préoccupé de découvrir le cadeau d’adieu de ma grand-mère. Quoi qu’il en soit, ce texte venait littéralement de me révéler tout ce que je n’avais pas compris.

À travers le deuil, à travers l’espoir,
Tu auras la chance de la revoir.
Sitôt vue, sitôt partie,
Tu la perdras, en après-midi.
Il est simple de lancer le dé,
Plus dur est-il, de s’en débarrasser.

Au milieu des désastres, des peines et des misères,
Le dé t’amènera la colère.
Désespoir, mirages et confusion,
Tous ensembles te pointeront la direction.

Elle est partie, elle ne reviendra pas,
Force est d’admettre que Dieu la gardera.
Tu seras sans doute fort surpris,
D’apprendre que ta grand-mère n’était qu’un alibi.

Deux ensembles te guideront,
Mourant chacun pour ton affection.
Au fin fond du monde, tu trouveras la clé,
Tu pourras enfin, revenir au passé.
Seul, unique, le dé s’en ira,
Il te laissera, et tu mourras.
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