
Chapitre X – De courtes retrouvailles
Les garçons franchirent une porte les menant droit vers une géante salle illuminée par un trou de lumière semblable au vortex que William avait déjà aperçu la dernière fois. Cette salle représentait un géant échiquier, avec toutes les pièces placées à leur place initiale, excepté les deux pions blanc et noir du milieu !
Hé mais c’est…
William reconnut aussitôt le jeu : c’était l’échiquier mais d’une façon très agrandie, ou alors aurait-il rapetissé ? Une question qu’il ne pouvait répondre, ni même y réfléchir tellement la terreur prenait place dans son esprit. Le battement de cœur était tel qu’on aurait cru entendre un séisme : après tout le combat qu’il s’est vu accumuler tantôt dans la forêt en tant que loup-garou, et la course dans ce monde : il n’en pouvait plus. William commença alors à crachoter un peu de sang et s’écroula à genoux sur le sol.
- William ! Qu’est-ce que tu as ? C’est ce passage là dont je te parle !! s’empressa de prononcer son ami qui pointait du doigt le vortex.
- Ou.. Oui… Je…
William ne pouvait même pas terminer sa phrase tellement il dût toussoter, fatigué par les nombreuses épreuves qu’il vient de subir : son endurance n’était pas faite pour ça ! Les filles n’étaient pas loin derrière, et déjà elles franchirent la porte. Mme Wengdell était fatiguée également, elle n’avait plus l’âge pour ce genre d’aventures, et elle était tellement faible qu’elle dût s’appuyer sur le dos de sa fille pour rester sur ses deux pieds. A la vitesse de leur précipitation, elles n’eurent point le temps de s’arrêter face à William, et trébuchèrent toutes les trois sur le pauvre garçon. Non seulement fatigué, William se vit devoir subir trois fois son poids entassés sur son dos ! La vraie Rose se débrouilla tant bien que mal à se relever pour soulever le corps de sa mère, tandis que son double se servit de sa force musculaire pour se relever tout en écrasant le pied de William qui n’arrivait même plus à hurler de douleur tellement il était fatigué.
Ca y est ! J’ai eu ma dose ! Même ma jambe est d’accord !
Rose aperçut le vortex : il était encore assez élargi pour pouvoir le traverser : mais il n’aurait fallu que William et l’handicapée à traverser. Elle était déterminée à rester auprès de sa vraie mère. Décidée, elle empoigna le bras de William qui était à terre, et le força à se relever :
- Allez William !! C’est pas le moment ! Tu auras tout le temps de récupérer plus tard ! encouragea-t-elle.
- Le passage va bientôt se refermer ! avertit la mère qui surveilla l’ouverture
Les infirmiers à l’arrière furent proches, très proches à présent : quelques mètres à franchir et ils auraient tous les cinq personnages en fuite.
- Allez dépêchons ! ordonna Jimmy qui fut le premier à reprendre la course.
Tous les cinq se mirent alors à courir vers le milieu de la pièce, là où le portail menant au monde réel était ouvert : tout juste situé en face du pion noir central ! On entendit alors le raisonnement de tous les pas précipités vers le milieu, et déjà, les infirmiers furent sur place ! La petite Rose handicapée, à jupe courte, qui aperçut les infirmiers à l’arrière, accéléra sa course et voulut atteindre Jimmy qui était en tête de file. Jimmy remarqua que les pas de courses l’approchaient, et instinctivement, il en fit de même. Mais la jambe de bois qu’on lui avait placé en guise de jambe de remplacement ne suivit point son rythme, à tel point que Jimmy en perdit l’équilibre et trébucha en cours de route. William ne put s’empêcher de crier son ami par son nom et de s’arrêter de courir.
- JIMMY ! NON ! cria-t-il
Roser aperçut le fameux Jimmy que William cherchait depuis le début, mais sut que William ne doit pas s’arrêter en cours de route lui aussi. Elle l’empoigna de force et le mena toujours plus proche du vortex qui commençât à perdre de son intensité.
- Allez, viens William ! ordonna-t-elle
- NOON, JIMMY !!! insista-t-il
Rose le força sans retenue à l’entraîner vers l’ouverture. Son double aperçut de son côté sa chère poupée dorée, cachée bien derrière l’une des pièces de l’échiquier. Elle remarqua la présence dorée qui luisait qu’elle n’avait plus vu depuis sa tendre enfance.
- Et d’un !!! annonça Rose d’un ton ferme en faisant traverser William dans le vortex qui hurla ce fameux « NON ». Allez Rose, à toi ! ordonna-t-elle
Mais Rose aperçut que la jeune handicapée était sourde à tout ordre, et qu’elle était plantée sur place immobile comme une statue de marbre à regarder quelque chose comme si elle n’en croyait pas ses yeux !
- Rose ! ordonna la mère. Viens ici tout de suite !
A ce moment on entendit le hurlement de Jimmy : il allait de nouveau se faire emmener, et il se faisait tirer par les pieds en arrière de telle sorte qu’il hurla de douleur. Mme Wengdell et sa vraie fille s’approchèrent alors de la jeune handicapée pour lui forcer à entrer dans l’ouverture qui commençât à se refermer petit à petit. Toutes deux empoignèrent chacune un des bras de la jeune fille, et commencèrent à lui tirer : en vain. La petite handicapée était tellement forte qu’elle résistât contre toute attente aux efforts des deux femmes. Au contraire même, la fille fut persuadée que sa poupée était présente dans la pièce, et de sa force, elle se débarrassa de ces quatre mains qui lui touchaient, envoyant du côté noir de l’échiquier la pauvre Rose, et la mère du côté blanc de l’échiquier d’où venaient les infirmiers.
- MAMAAAANNNN !!!!! hurla la jeune Rose en plein vol aérien
- ROSE ! répondit sa mère.
La jeune fille handicapée se résolut à courir le long de la partie blanche de l’échiquier et récupéra son ancienne poupée qu’elle avait toujours chéri, et se décida à cajoler sa chérie jusqu’au moment où un infirmier lui planta quelque chose à l’arrière afin qu’elle s’écroule endormie. Quant à la vraie, elle se releva et aperçut d’abord le vortex qui avait disparu, et enfin sa mère se faire emmener par les infirmiers :
- VA-T-EN CHERIE !!! hurla-t-elle dans son dernier souffle
Rose comprit qu’elle ne pourrait rester avec sa mère plus longtemps, et qu’elle ne pourra pas non plus se risquer à forcer de retourner libérer son double pour l’emmener dans son monde. N’ayant d’autre choix, les larmes aux yeux, Rose se décida à devoir retourner dans le monde où elle y a vécu la majeure partie de sa vie : c'est-à-dire, dans le monde réel, là où a été entraîné William. Les infirmiers commencèrent à traverser le long de la géante pièce, et Rose se releva, courut vers le coin de la pièce et sortit son collier d’un alliage inconnu, pinça fortement les deux côtés du cristal au centre du collier de sorte à ce que l’on vit un bouton se déclencher. Et à cet instant, en face d’elle, à quelques mètres, un portail s’ouvrit qu’elle traversa en plein saut avant de relâcher la détente de son talisman et ainsi refermer le portail avant qu’un infirmier n’ait pu le traverser. Rose se retrouva chez elle, dans la brocante et aperçut sa mère qui attendit le verdict :
- Alors ? demanda Mme Wengdell. Il s’en est sorti ?
- Oui, répondit-elle à voix basse et tête baissée.
- Rose ? demanda sa mère. Ca ne va pas ? Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-elle inquiète
- Rien, c’était juste… Un mauvais rêve… répondit-elle en se relevant.
Rose s’approcha de sa mère, et l’enlaçât, à la fois triste et soulagée. Sa mère remarqua qu’elle a dû y voir quelque chose d’atroce, et lui rassura :
- Ca va aller Rose… Ce n’est qu’un autre monde, il n’y a pas a t’en faire puisque tu n’as aucun lien de parenté avec mon double.
Rose comprit qu’il était évident qu’elle ne pourrait expliquer le monde qu’elle a vécu, et surtout la vérité qu’elle eut enfin découvert après tant d’années...