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" Et à part ça, vous avez une idée de ce que c'est que ça ? "
Sandy lui montra l'assiette immuable dont les fées lui avaient fait cadeau. Elle était blanche comme une perle, avec un contour turquoise.
" Non, pas la moindre idée. On dirait un plat... "
Elle rangea l'objet. Igor trancha un dernier Bobble, et le sol fut couvert de liquide vert visqueux. Il leva la tête vers les deux commères :
" Hé, ça t'aurais dérangé de nous aider ?
- Oui, répondit-elle. Vous vous êtes mis là-dedans tout seuls, vous vous débrouillez tout seuls.
- Très bien, je retiens ! "

Tristan essaya de retirer d'un mur en bois le grappin qu'il y avait maladroitement planté. Il tira d'un coup en poussant sur sa jambe et tomba dans la poussière... Les habitants, qui avaient presque tous vu la scène de combat, sortirent de leurs masures et marchèrent vers eux.
" Ils ont fait ça ?
- C'est incroyable...
- Comme ils sont courageux !
- Moi aussi, j'aurai pu le faire si je n'avais pas cette entorse.
- Il y en a un grand avec un gros grappin de trois tonnes et un autre avec une épée de gonzesse !
- Oooooh...
- HJ'ai tout vu ! Ils étaient cachés chez Alinéa et ils ont bondi sur eux !
- Regardez, il y en a une troisième, qui descend des escaliers ; mais elle ne s'est pas joint à eux.
- Un gros, une mince, et un musclé... Cocasse !
- Ils ont de drôles de têtes.
- Mais les monstres vont revenir en masse si ils voient que ceux-ci ne sont pas rentrés...
- Mais non, peut-être que c'étaient les seuls d'entre eux.
- J'en sais rien !
- En tout cas, ils les ont bien pulvérisés !
- Ouais, c'est vrai ! Bravo !
- BRAVO !!! "

La foule finit par les acclamer. Les villageois applaudirent à tout rompre, scandant leurs noms, et l'agitation causée par ce tumulte attira toute la population du bourg. Igor et Tristan furent soulevés et portés jusqu'à la salle des fêtes où, comme le soir venait, un banquet fut improvisé en leur honneur. Pendant qu'ils étaient tous les deux transportés par la populace en liesse, Tristan et Igor échagèrent un regard. Avoir combattu côte à côte les avait un peu rapproché. Ils se sourirent bouche fermée, amicalement. Ils oublièrent complètement la dispute qui les avait animé un peu plus tôt à l'auberge, l'un reprochant à l'autre de n'en faire qu'à sa tête, l'autre clamant à l'un que personne n'avait à lui doner des ordres. Le banquet fut riche, et la soirée fut très joyeuse.

Une seule personne n'y participa pas... le Dirigeant du village. Personne ne le vit ce soir-là...

MisterZero

Une nuit passa au repaire des Carroteux. Le lendemain, un mot de papier fin était posé bien en vue sur la table à manger :

Mes chers confrères, j'apprécie tout ce que vous avez fait pour notre groupe. Votre sincérité et votre force de coeur sont remarquables, et resterons en moi pour toujours. Mais nul ne peut me contraindre à rester en place. Je vous quitte à la faveur de l'obscurité vers des horizons plus mouvementés. Le proverbe dit "pas de repos pour les héros". Je ne suis plus un héros, cependant j'entend bien revivre un peu de cette vie d'autrefois, que vous aussi avez connu jadis... c'est-à-dire d'immenses contrées à parcourir en courant de toutes ses forces, des cultures exotiques à découvrir, d'autres méchants à qui dammer le pion et toujours avec style, de belles demoiselles à secourir...
Ainsi, je pars. Et comme promis, je reviendrai un jour. Et lorsque je vous raconterai mes aventures, vous regretterez peut-être aussi de ne pas être partis.
Rollerfou

PS : une escapade comme celle-ci ne serait pas si flamboyante sans une petite part d'insolence. Je me suis donc permis d'emporter le dangereux trésor que nous gardions dans le gros coffre de mithril... vous savez, le collier de télékinésie et le bracelet qui permet de voir dans le temps !
A présent, je sillone les routes sur mes rollers, et je vous souhaite d'être aussi libres que je le ressens aujourd'hui. LOL

Dans un coin de la pièce, un magnétoscope jouait en boucle le refrain de Umbrella par Rihanna.



Trois jours après les évènements, Igor, Sandy et Tristan s'étaient parfaitement intégrés au village. Les commerçants leur faisaient des prix sur leurs meilleurs produits, la bande de motards leur avait même pardonné la bagarre. Ils montaient un peu la garde tous les jours, en cas de nouvelle attaque Bobble, mais rien ne venait des falaises. Les habitants, tant ceux qui passaient leur temps à être joyeux que ceux qui faisaient grise mine sans cesse, les reconnaissaient dans la rue. Une perquisition avait été lancé pour récupérer le bateau d'Alinéa plus rapidement, en gage de remerciements...

" Professeur Nose.
- Oui, Dirigeant. J'arrive ! Que se passe-t-il ?
- J'ai l'impression que trois étrangers tentent de déranger l'ordre de ma future glorieuse cité.
- Je vous en prie, un peu de modestie...
- Peu importe ça, je te parle des trois bonshommes qui sont arrivés lundredi dernier dans l'après-midi. Je ne les aime pas. Les attaques de ces monstres visqueux étaient sur le point de me rapporter gros, et voilà qu'ils les anéantissent.
- Je comprend votre courroux.
- Il faut s'arranger pour qu'ils ne partent pas d'ici. Semer le chaos puis prendre la fuite, c'est la plus lâche des choses qui soit.
- Oui, monsieur Albertz.
- Le jour de leur arrivée, ils ont saccagé un bar et blessé des citoyens. Débrouille-toi avec ça et retiens-les un maximum de temps. "

MisterZero

J'apprécie toujours autant et je continue à lire ton histoire alors que j'ai arrêté Hammerfest et RAZé (ça fait d'ailleurs une semaine que je shifte mes parties quotidiennes pour pouvoir poster ici ). Surtout, ne crois pas que personne ne s'y intéresse, et continue si tu peux car c'est vraiment génial, je me marre à chaque épisode. Je crois que tu as un réel talent.
Et à mon avis, tu as des centaines d'admirateurs secrets qui n'osent pas se manifester.

Chapitre 5 : Les robots du professeur

" Dis...
- Ouais ?
- T'as toujours été comme ça ?
- Comment, comme ça ?
- Obsédé par ton image, par ta beauté, par ta musculature ?
- Laisse-moi réfléchir. Ouais.
- Très bien, je respecte.
- Et toi, Igor, c'est quoi ton obsession ?
- Manger.
- Hé, les garçons, il faudrait que quelqu'un aille chercher le petit déjeuner en bas !"

Cette dernière phrase fut hélée par Sandy depuis la salle de bains. Igor fit un effort et alla rapporter le plateau-repas offert qui les attendait tout chaud dans le hall de l'hôtel.
Croissants, pains au chocolat, lait chaud parfumé à la vanille, café instantané, pur jus de pamoranle (un fruit délicieux légérement acide), petits gâteaux aux amandes, tartines à la confiture de prunes, et même une jolie fleur rouge dans un petit vase bleu.

" Tu sais, Igor, signala Sandy, je pense que la fleur était juste là pour décorer.
- Et bah quoi ? Je peux la manger quand même !" répondit l'autre la bouche pleine.
Dans son élan, il avala aussi le vase.

MisterZero

Merci à toi Vja001, ton message m'a bien fait plaisir...

MisterZero

Dans le matin étouffant, un léger nuage de sable passa sur les falaises de Jabrak. Un homme maigre, aux cheveux blonds délavés, le corps enroulé dans une longue blouse blanche, s'avança vers l'hôtel, suivi de près par un quattuor de machines cliquetantes...

Igor poussa la porte et sortit, et tomba nez à nez avec l'intrigant personnage. L'homme en blouse vérifia quelque chose sur sa fiche plastifiée, puis redressa ses lunettes noires et s'adressa finalement au bonhomme de neige :
" Monsieur Igor.
- Euh, oui c'est moi.
- Veuillez ne pas opposer de résistance."

Le ton était très professionel. Presque autant que le robot armé de pinces qui passa derrière Igor pour le menotter.

" Vous êtes en état d'arrestation pour aggression, voie de fait, saccage, et non-respect de l'ordre établi. Vous et vos complices allez me suivre au commissariat du Dirigeant."

Il y avait bien quatre robots. Le premier était d'aspect longiligne vers le heut et plat vers le bas, monté sur de simples roues motrices, et possédait deux bras souples prolongés de grosses pinces préhensibles.
Le second, plus évolué, n'avait qu'un bras articulé par cing pivots différents, dont l'embout était un canon de revolver. La réserve de balles se situait dans le torse et le thorax.
Le troisième était carapacé dans un protection ronde et lisse en forme de boule. Il se déplaçait en roulant sur lui-même grâce à un anneau de rotation sur lequel il glissait. Il était équipé de deux bras avec des lames acérées comme deux flamberges.
Le quatrième, évidemment le plus perfectionné et le plus esthétique, avait été conçu avec une intelligence supérieure. Son corps, certes en forme de tube, possédait des yeux pour scanner aux quatres points cardinaux, et même en haut. Son premier bras était souple, il disposait d'une pince préhensible avec aiguillon mortel rétractable. Son deuxième bras était articulé, et pourvu d'une mitrailleuse ainsi que d'un lance-flamme de secours. Enfin, en lieu et place de roues pour le mouvement, il avait un réacteur à propulsion de chaleur pour se maintenir en vol.

C'est ainsi escorté que nos trois héros durent se rendre au commissariat.
"Est-ce qu'on peut seulement savoir qui vous êtes ?
- Je suis le docteur Nose. "

MisterZero

Cachés derrière les fenêtres, les habitants virent bien que leurs héros avaient des ennuis, mais personne n'osa se manifester à cause des robots. En passant la porte de la mairie, Igor traversa un rayon gris-mauve qui transforma son écharpe en chaîne cadenassée. Il en fut de même pour les deux autres. Le docteur Nose les mena devant un bureau posé au milieu d'un couloir carcéral. Il ordonna :
" Posez vos armes ici. "
Le premier robot lâcha alors les poignets d'Igor pour qu'il puisse obéir. Sur le bureau furent déposés la rapière d'escrime Likjam et le grappin Velonys. Le docteur demanda :
" C'est tout ?
- Oui, c'est tout, répondit Tristan.
- Ce sont toutes vos armes ?
- Oui.
- Et mademoiselle, elle ne porte pas d'armes ?"
Docteur Nose s'approcha pour procéder à une fouille au corps, mais quand Sandy sentit ses mains froides sur sa taille, elle ne put s'empêcher de lui décocher un coup de pied au menton.

Ils furent jetés sans plus de préambule dans une cellule. Le docteur en lunettes noires, massant sa mâchoire en sang, essaya de dire :
" Le Dirigeant, monsieur Bigspanking, viendra vous parlez quand il aura le temps et déterminera votre punition. En attendant, il vous est interdit de communiquer avec qui que ce soit en dehors de cet établissement."
Igor empoigna les barreaux et lui cria :
" Vous ne comprenez pas ? Il faut qu'on sorte d'ici rapidement ! La pétition pour l'obtention du bâteau a abouti ! Il FAUT qu'on quitte la ville avec ce bâteau et qu'on rejoigne le continent opposé. Le plus tôt sera le mieux !! Si nous n'y arrivons pas, le monde sera détruit dans quelques jours !
- Absolument, absolument... Amusez-vous bien.
- Attendez... Vous croyiez qu'on était là pour des vacances ? Hé, revenez !"

Deux robots restèrent là en mode sentinelle, et le docteur-professeur s'en alla.

MisterZero

Toujours aussi bon

Je commente pas à chaque fois, mais je suis attentivement ^^

Une minute passa. Igor restait collé aux barreaux, comme si le gars allait sincèrement revenir. Sandy s'était assis sur une planche qui servait de banc et Tristan s'accoudait au mur, bras croisés.
" Très bien, hurla Igor à l'adresse du docteur qui n'était pas là, tant pis pour vous, on va s'évader !"
Les deux robots étant figés en état de surveillance, ils ne cherchèrent pas à comprendre la phrase qu'ils venaient d'entendre (et surtout que ce n'était pas la voix du professeur, à laquelle ils étaient habitués), et donc ne réagirent pas d'un pouce.

Les trois héros se réunirent et Igor reprit :
" Puisqu'on a plus d'armes, il faut reconsidérer tout ce qu'il nous reste. Moi, j'ai le carnet de notes du Conseil des Carroteux, les lunettes de vérités, et le sablier de mercure.
- Moi, dit Sandy, il me reste l'assiette immuable, et puis les 3 perles de Barazen.
- Moi, dit Tristan, j'ai plus rien, mais cet idiot a intérêt à me rendre mon grappin ou je l'éviscère.
- Déjà, reprit Igor, tous ces trucs n'ont pas l'air très utiles... Tiens, par exemple, ça fait quoi si je met ces lunettes ? Je vois en rayons X ?"
Il posa naïvement les lunettes devant ces yeux. Et le monde bascula.


La vision d'Igor se transforma. Forme, couleur, mouvement, devinrent la même chose. Le monde se mit à tourner, et en même temps, il était immobile. Ou alors c'était Igor qui bougeait dans l'espace. Immobile. Il voyait la pièce où il se trouvait de quatre vues différentes. A la place de Sandy, il décelait une aura. Une aura qui lui disait :
{Sandy. Bonhomme de sable femelle. Intelligente mais expéditive. Aime la canelle et les îles exotiques.}

Et à la place de Tristan :
{Tristan. Bonhomme de boue mâle. Loyal mais orgueilleux. Aime l'action. Déteste les araignées.}

Et à la place des robots dans le couloir d'à coté :
{Robot de combat Enaër modèle 99-L5. Batteries à moitié vides.}
{Robot de traque Sema modèle 4X25 réédité 1812. A peu servi. Roues sales. Felure profonde sur l'épaule droite.}

Et à la place des objets éparpillés par terre :
{Sablier de mercure confectionné par des fées. Brisez-le et le Temps s'arrêtera autour de vous pour une minute et demie. Pendant ce laps de temps, vous continuerez à vivre normalement dans l'état où vous étiez précedemment. La gravité n'aura plus effet que sur vous et les objets et personnes que vous toucherez ensuite. Tout objet en mouvement avant le bris du sablier continuera sur sa trajectoire après la minute et demie écoulée.}
{Assiette immuable, ou bouclier magique rétractable. Il est nécessaire d'y poser une anse pour qu'elle fonctionne normalement.}
{Perles de Barazen en parfait état. Artefacts magiques puissants, à croquer. Goût cerise rouge. Elles déclenchent au hasard un évènement impossible et totalement incontrôlable. Utiliser avec un minimum de prudence. Laisser hors de portée des enfants.}


Igor enleva les lunettes. Le monde se stabilisa en une fraction de seconde. Sa tête continua de tourner tout en restant immobile... Il se jeta au fond de la cellule et vomit.

MisterZero

J'en suis à la page 35 mais c'est énorme.

Alpahgris