

Un instant plus tard, un enfant coiffé d'une casquette vint vers eux, un lait-fraise à la main, et leur demanda gentiment :
" Excusez-moi, il reste une gâche ? "
Ils l'acceptèrent à leur table, et Igor lui dit :
" Pardon, mais... comment t'appelles-tu ?
- Alexo.
- D'accord, Alexo. Est-ce que tu peux me dire où se trouve le port Obselia ?
- Oui, m'sieur. Il faut juste suivre la rue principale et c'est tout droit en sortant du village. Mais si vous voulez prendre un bâteau, c'est pas la peine parce que toutes les embarcations sont bloquées à cause d'une guerre en Dropéagne septentrionalle.
- Hein ?
- Les bâteaux, ils sont plus disponibles pour au moins dix jours...
- DIX JOURS ? hurla Igor.
- DIX JOURS ? cria Sandy.
- DIX JOURS ? beugla Tristan.
- Bah oui, dix jours... "
Le bonhomme de neige couvra sa bouche avec ses mains et jeta un oeil derrière lui. Tous les autres buveurs les regardaient bizarrement, car ils avaient fait un peu trop de bruit. Un gros monsieur tatoué, musclé des bras et du ventre, se leva. Il approcha leur tablée, le regard inexpressif. Il se pencha et posa ses mains massives sur la surface plane où étaient posées leurs chopes.
" Un problème, les gars ? "
Igor leva la tête.
" Non non, tout va bien... "
Alexo s'était déjà enfui.
" Alors pourquoi vous criez ?
- Oh, pour pas grand chose !
- Si, je crois que si.
- ...
- Mon p'tit gars, quand on est dans un bar, on respecte l'ambiance et le calme des autres, t'as compris ? "
En disant cela, il avait placé son visage tout près de celui d'Igor. Il sentait très mauvais. Etait-ce à cause de l'alcool ou de l'absence de dentifrice ?
" Calmez-vous, s'il vous plait, débita Igor en tentant d'esquiver l'haleine nauséabonde.
- Mais je suis TRES CALME, dit le type sur un air qui traduisait un état d'esprit différent.
- Hé, vous dérangez le calme des autres à parler comme ça, intervint Tristan sans se retourner vers lui.
- De quoi il se mèle, lui ?! " s'échauffa l'homme agressivement en se plaçant derrière Tristan.
Et là, le coup partit.
En fait, le gros type avait prévu d'assèner une beigne au bonhomme de bois, pour servir d'exemple. Mais, plus rapide et rusé, ce dernier avait eu le temps, pendant que l'homme prenait son élan, de faire basculer sa chaise et de la pousser en arrière de sorte à lui faire perdre l'équilibre pour qu'il tombe en plein dans le bide sur son coude intentionellement tendu.
C'était habile, mais cela énerva tous les autres qui étaient à la table du gros tatoué. Un énorme cliché : une bande de motards en cuir, à l'air louche, armés de chaînes et de crans d'arrêt. Ils se redressèrent si fort que leur table se renversa.
" Tristan, dans quoi tu nous as mis ? "
Les clients qui n'avaient rien à voir dans tout ça décampèrent, mais restèrent quand même aux fenêtres pour admirer le spectacle. Le barman parut réjoui : cela faisait si longtemps qu'une bagarre n'avait éclaté chez lui. Il sortit un appareil photographique...





(en fait, j'avais déjà fait une signature en japonais, celle-ci est en portugais.)