


Nouvelle contrée : étages intermédiaires
Igor n'avait aucune idée de ce qu'il allait trouver ici, mais l'important était d'avancer, toujours plus loin. Il ne voyait à perte de vue que des piliers alignés et des miroirs en morceaux. Plutôt glauque, mais pas effrayant. Toutes les salles étaient pareilles. A l'infini, les mêmes piliers et les mêmes miroirs, mais leurs cassures étaient à chaque fois différentes. Parfois, la couleur des piliers changeait un peu aussi, variant dans les tons blancs crémeux. Soudain, Igor sentit quelque chose bouger sous son chapeau. Il l'ôta doucement, et prit Wanda dans sa main. La petite pomme avait l'air de se réveiller tout juste.
" Alors, murmura Igor, tu dormais depuis tout ce temps ?
- Oui.
- Tu n'as pas vu tout ce que nous avons fait alors ?
- Non. Pourquoi ? C'était important ?
- Non, rassure-toi... Je voulais juste m'assurer que tu n'avais pas eu trop peur.
- Ah ? J'aurai dû ? "
Igor lui raconta toutes les prouesses qu'ils avaient réalisées en entrant dans ce sanctuaire, les combats, les rencontres, la légende des Bobbles, les lieux visités... Wanda écoutait bouche bée. Elle lui recommanda d'écrire un plan pour ne pas se perdre, mais Igor n'avait pas de papier. Il entendit alors un battement d'ailes rapide. Il se retourna légèrement et vit une hirondelle, de la taille d'une grosse mouche, qui passa tout près de son visage et qui s'enfuyait vers le fond du couloir géant. Il eut un mauvais pressentiment. Il se racla la gorge silencieusement, puis chuchota :
" Wanda, retourne dans le chapeau. Vite."
Nouvelle contrée : bibliothèque
Sandy était subjuguée. La bibliothèque du village de Hammerfest était à celle-ci ce que la feuille était à l'arbre tout entier. Partout, des rayons de taille variables, faisant la même taille qu'elle ou allant carrément jusqu'au plafond. Certains étaient invisibles, et les bouquins flottaient dessus. Des livres anciens, neufs, restaurés, avec des couvertures en cuir, en carton, en bois, en plastique... Des lampadaires étaient à disposition à chaque coin d'étalage, ce qui répandait une lumière douce, et donnait une ambiance agréablement vieillote. Sandy vit un gros rat, vêtu d'une veste bleue brodée de vert, qui grimpait le long d'un meuble pour attraper un ouvrage et le jeter à terre pour le lire. Il n'était pas le seul, car d'autres rongeurs (habillés différemment) montaient se servir directement sur les étagères pour consulter sur place.
Des marquages au sol fléchés indiquaient les rayons traitant de cuisine, physique quantique, mathématiques, contes de fées, animaux, essais, manuels de bricolage, etc... Sandy décida d'abord de se rendre au rayon "légendes anciennes et récentes". Passons sous silence le fait qu'elle se perdit plusieurs fois et atteint son objectif après une heure et demie de marche. Les étagères de ce rayon, peintes en mauve, s'étendaient sur une vingtaine de mètres. Il y avait là des grimoires, des rouleaux, des recueils poussiéreux, des cahiers déchirés ou cadenassés. Elle rechercha tout de suite un écrit sur les Bobbles, mais par malheur, les livres n'étaient absolument pas classés.
" Excusez-moi, monsieur le rat !"
Elle s'adressait à un mulot qui portait un bonnet orange et qui, hasard extraordinaire, passait justement par là.
" Pardon de vous déreanger. Je cherche tous les livres qui pourraient parler des Bobbles déchus. Euh... il vous en reste, au moins ? "
Le mulot ne broncha pas. Il grimpa simplement sur le rayonnage et lança en contrebas des livres, un grimoire abimé et un rouleau de parchemin blanc ivoire. Il descendit d'un saut et offra à Sandy un regard qui voulait dire :
" Et voilà, ma p'tite dame ! Depuis que ces grosses boules moisies ont envahi le sanctuaire, il ne reste plus grand chose sur eux. Il sont venus nous voir samedi dernier pour que l'on brûle tout ce qui était écrit à leur sujet, mais heureusement qu'ils ne savent pas lire sinon ils verraient encore qu'il reste des choses. J'vais vous dire, ma p'tite dame, ce sont les livres les plus cachés qui recèlent les meilleures informations. Ceux-là, bon, y sont pas vraiment dissimulés, vous me direz, alors j'doute fort que vous trouviez quequ'chose. Mais allez-y j'vous en prie, lisez, instruisez-vous ! Et surtout, bonne lecture ! "
Elle répondit faiblement merci, et puis elle se mis à la tâche. Elle consulta tous les livres mais ils n'évoquaient pas des choses très utiles, ni intéressantes. Le grimoire était rempli de lettres bizarres, c'était sûrement une autre langue. Par contre, le parchemin faisait allusion à Igor, et citait des formules magiques rares... Il mentionnait même la légende dont avait parlé Salamand. Vraiment intriguée, elle le relut attentivement et de nombreuses fois. Ce bout de parchemin faisait part de la mythique arme suprafinale, celle qui viendrait définitivement à bout du Prince Bobble. Sandy réalisa alors, dans un éclair de génie, qu'elle avait retrouvé un exemplaire du Destrukten Geralsfa.


