Nouvelle contrée : salle à manger roseLe bonhomme de neige fit quelques pas. Il se trouvait dans une pièce luxueusement meublée, aux murs tapissés de papier peint rose. Une délicate odeur fleurie se répandait dans l'air. Une petite cheminée, une table rectangulaire avec une nappe en dentelle, six chaises en bois de merisier stratégiquement disposées autour, et au plafond un lustre si léger que l'on aurait dit fait en papier origami couvert de rubans... roses. Le couvert était mis. Tout était impeccablement propre, pas une poussière à l'horizon. Autre curieux détail : en trois endroits dans la pièce, des arbustes avaient percé le parquet et étendaient leurs frêles branches couvertes de roses. Pour Igor, c'était bien trop louche. Sandy, de son coté, s'approcha d'un arbrisseau et respira le doux parfum d'une fleur. Ce n'était la même senteur que celle flottant dans la pièce, mais elle se mariait bien avec. Igor marchait précautionneusement jusqu'à la table. Si tout était propre et que la table était mise, ça voulait dire que des gens allaient venir et manger. Le sanctuaire avait pourtant été abandonné il y a longtemps... De l'autre coté, Sandy prit le coussin d'un fauteuil (rose) pour en vérifier le moelleux. Au centre de la grande table se trouvait un large plat recouvert d'une belle cloche en argent massif. Igor avança très prudemment la main pour le saisir, et au moment où ses doigts touchaient l'objet, une porte s'ouvrit au fond du salon. Les deux tournèrent la tête avec effroi. Une silhouette un peu trapue s'avança et déposa son chapeau sur un porte-manteau. C'était un vieil homme avec une barbe trainant presque par terre. Ses habits modestes, faits de tissu et de cuir, auraient fait penser à un paysan. Il était suivi par deux robustes jeunes hommes et un petit garçon. Le vieillard s'arrêta et articula avec sa voix d'Albus Dumbledore :
" Nous vous attendions... Voulez-vous partager notre repas ?"
Ce faisant, il souleva la cloche et dévoila une superbe Suprême aux framboises. Les yeux d'Igor se remplirent d'étoiles. Il bondit sur une chaise et prit son assiette pour la lui tendre en souriant...
Pendant le repas, Igor et Sandy, rassurés, se présentèrent et expliquèrent le but de leur venue. Le vieil homme finit son verre et prit à son tour la parole :
" Fort bien. Il était prédit que tout cela arriverait. Je suis enchanté de faire enfin votre connaissance. Je me nomme Salamand. Salamand Jéroz. Je suis un érudit itinérant. Si vous voulez vaincre cette nouvelle menace qui pèse sur vous et sur le monde, il vous faut prendre connaissance de la légende qui en découle..."
Il leur apprit avec sagesse et patience ce que
les écrits prédisaient depuis des lunes : le retour des soldats Bobbles et surtout de leur maître, le prince Bobble, dont l'ambition est, bien entendu, de dominer le monde. L'unique façon de mettre un terme à leurs plans machiavéliques serait d'activer une mystérieuse bombe
jaune, laquelle ne peut être créée que dans une chambre secrète au sommet du sanctuaire. Tous les ingrédients à réunir et les formules magiques à réciter nécessaires à sa création sont précisés sur un parchemin intitulé
Destrukten Geralsfa. Malheureusement, il était FORT possible que le prince (ou même un certain sorcier encapuchonné) ait détruit ce parchemin... Il allait donc falloir réunir ces ingrédients sans aide ni instructions...
A ce moment, l'érudit consulta sa montre et s'écria :
" Mes aïeux, il est tard ! Nous devons rentrer chez nous, il fait surement déjà nuit... Je vous ai, de toute façon, dit tout ce que je savait. Nous vous souhaitons une bonne nuit."
Les trois autres se levèrent en même temps, et dirent d'une même voix comme s'ils avaient répété la scène à l'avance:
" Bonne nuit, et... bonne chance !"
Ils sortirent en file indienne comme ils étaient rentrés, et la porte se referma toute seule.
Sandy et Igor restèrent immobiles, toujours assis, le regard fixé sur la porte, retournant la dernière phrase dans leur tête. Puis ils haussèrent les épaules et décidèrent de dormir sur les canapés. Le feu mourrait dans la cheminée. L'obscurité s'installait tout doucement dans le petit salon, sans déranger. Les deux héros se couchèrent des deux cotés de la pièce, et se jetèrent un dernier regard sans grande signification.
" Bonn' nuit.
- Oui, bonn' nuit."
Ils se retournèrent et s'endormirent.
